Se détourner du pétrole pour s’habiller plus vert… grâce au CO2 : c’est le « tour de magie » de la startup francilienne Fairbrics, ou l’art de transformer le problème en solution grâce à une technologie de rupture brevetée unique au monde, qui fait du dioxyde de carbone rejeté par les industries lourdes une matière première que cette startup, fondée en 2019, récupère et valorise pour le convertir en fibres textiles.
« C’est du biomimétisme, nous reproduisons ce que la nature fait très bien : en captant le dioxyde de carbone, comme le font les plantes, nous produisons de l’éthylène glycol, l’un des composants du polyester, de quoi développer des tissus bas en émissions de carbone », explique Benoît Illy, cofondateur et CEO de Fairbrics. Et il ajoute : « Quand on compare notre produit avec une fibre actuellement sur le marché, on note que cette technologie permet de réduire l’impact carbone de
70% ».
L’industrie textile est l’une des plus polluantes au monde. Elle représente à elle seule 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Le polyester, lui, est la fibre la plus utilisée : il représente plus de 60% du marché mondial actuel et sa production nécessite 100 millions de tonnes de matières fossiles chaque année. La décarbonation de l’industrie textile est donc clairement un enjeu majeur si l’on veut respecter les engagements de l’Accord de Paris.
Si la solution révolutionnaire de Fairbrics permet à l’évidence de répondre à cet enjeu, elle crée par ailleurs un cercle vertueux qui s’appuie sur une stratégie gagnant-gagnant : en récupérant et en revalorisant le CO2 rejeté par des industries très polluantes (sidérurgie, pétrochimie…), Fairbrics assoit sa technologie comme un standard alors que dans le même temps ses partenaires industriels « fournisseurs » de CO2 réduisent fortement leurs émissions sans pouvoir être accusés de greenwashing, ce qui a un effet très positif sur leur réputation.
Membre de l’Alliance mondiale pour les solutions efficientes, Fairbrics a pour ambition d’accéder au plus tôt à l’industrialisation pour déployer sa technologie de rupture à grande échelle. Première étape : le montage d’un démonstrateur pilote, programmé à la mi-2024, à Anvers, en Belgique, pour produire 100 kg par jour de polyester, c’est-à-dire de quoi fabriquer près de 1 000 T-shirts. À l’horizon 2026, Fairbrics compte mettre en place sa première usine à taille réelle, capable de produire une tonne par jour de polyester.
« Notre objectif n’est pas de cibler uniquement le secteur textile… nous envisageons de travailler sur les emballages en plastique ou même de faire des partenariats avec des constructeurs automobiles pour concevoir leurs sièges », conclut Benoît Illy.