La transition climatique ne s’annonce pas comme un long fleuve tranquille. C’est l’un des plus grands défis du siècle. Et pour relever ce défi, qui constitue un tournant structurel décisif dans le fonctionnement des économies à l’échelle de la planète, la finance a forcément un rôle vital à jouer. Face au coût faramineux de la marche vers la neutralité carbone, la mobilisation du secteur financier constitue sans conteste un enjeu incontournable. Cette mobilisation implique une réorientation des investissements et des capitaux pour se positionner toujours plus sur les solutions, notamment celles offertes par la clean tech, qui favorisent la transition, mais implique nécessairement de la part des institutions financières une gestion adéquate des risques et opportunités liés à la lutte contre le changement climatique.
La Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) est la feuille de route de la France (moyens à mettre en place, cibles, actions à mener et priorités fixées) pour répondre aux défis environnementaux, qui ne cessent de s’accumuler, et guider la France vers la neutralité carbone. La SNBC fixe des orientations applicables dans tous les secteurs d’activité, pour mettre en œuvre la transition vers une économie bas-carbone, circulaire et durable. Elle définit une trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050, avec deux objectifs extrêmement ambitieux : atteindre la neutralité carbone – c’est-à-dire le fameux « zéro émissions nettes » – à l’horizon 2050, et réduire l’empreinte carbone de la consommation des Français.
Pour mieux comprendre ce qui se joue dans ce contexte au niveau des institutions financières françaises, nous vous invitons à lire le billet de blog n°348 publié par la Banque de France, intitulé « Les acteurs financiers français face au défi de la transition climatique ». Il fournit toute une série d’indicateurs « pour mesurer et suivre le degré d’exposition des acteurs financiers français aux risques climatiques de transition et leur capacité à financer la transition de l’économie. »
Ce billet apporte un éclairage très utile sur les risques non négligeables associés à cette transition, risques que le secteur financier doit gérer tout en contribuant au financement de la transition. Pour l’heure, le constat de la Banque de France n’est pas rassurant : « les portefeuilles de titres et de prêts demeurent insuffisamment alignés sur les objectifs européens de transition bas carbone … [pour les acteurs financiers français] la mise en application de politiques de transition conformes aux objectifs européens de réduction des émissions d’au moins 55% d’ici 2030 pourrait entraîner des pertes conséquentes pour les institutions financières insuffisamment préparées (Jourde & Koné, 2023) ».