Ambitieux et audacieux, pragmatique et opiniâtre, Nicolas Cruaud est l’une des figures montantes de lacleantech, cet écosystème rassemblant des milliers d’entreprises et de start-up détentrices de solutionsinnovantes et efficientes pour permettre d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris et de décarbonerl’ensemble des activités humaines (modes de production, de consommation,  de déplacement, de logement….). Oui, Nicolas Cruaud incarne une volonté sans faille d’agir de manière radicale contre le changement climatique : « Ce qui me botte, ce sont les projets industriels qui luttent contre
le changement climatique. L’environnement, c’est l’enjeu du siècle et les petits gestes ne suffisent pas. »

PROFIL NICOLAS CRUAUD

Âgé de 29 ans, ce polytechnicien et diplômé d’Isae-Supaero a suivi une double formation en ingénierie mécanique et en entrepreneuriat. Voici sa propre définition de l’esprit entrepreneurial : « À Polytechnique, j’ai compris que je voulais faire de l’ingénierie pour créer des trucs. Mais pas en bureau d’études. Pour moi, c’est beaucoup plus exaltant de lancer une entreprise, de partir de rien et faire émerger une idée. »

Nicolas Cruaud a été élu lauréat du Prix Ivy Tech en 2023, qui récompense chaque année un entrepreneur de moins de 30 ans ayant levé au moins 10 millions d’euros et dont le projet est perçu comme « solide et prometteur » par un jury de 20 dirigeants de grands groupes technologiques. Ce qui lui a valu l’obtention de ceprestigieux trophée ? Avoir cofondé, avec son père, NÉOLITHE, une start-up industrielle qui transforme les déchets en cailloux utilisables dans la construction (le secteur de la construction, l’un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, représente 37% des émissions mondiales de CO2).

Ce procédé révolutionnaire breveté basé sur la fossilisation des déchets permet d’éviter l’incinération et l’enfouissement de ces derniers.

Il traite donc les déchets non-recyclables mais, cerise sur le gâteau, il capture le CO2 : « Alors qu’un incinérateur émet à peu près autant de CO2 qu’une usine à charbon, notre procédé est carbo-négatif : il permet de séquestrer le carbone et de le réutiliser dans nos routes, nos trottoirs, nos bâtiments… »

Nicolas Cruaud nous explique le procédé : « L’intérêt, c’est d’éviter l’enfouissement et l’incinération de déchets, qui émettent du CO2 … Fossiliser les déchets permet d’éviter l’incinération ou l’enfouissement de ces mêmes déchets, et donc les pollutions associées. Si l’on se compare à l’incinération, notre procédé permet de réduire de 80% les émissions de CO2 normalement émises. À l’échelle de la France, cela représenterait une diminution de 5% de l’ensemble des émissions CO2 du pays, toutes industries confondues ! C’est deux fois plus que l’ensemble du CO2 produit par le trafic aérien. Et parce que notre but est de mettre en place notre procédé à très grande échelle, le coût de traitement d’un déchet par fossilisation est le même que le coût de l’incinération : au même prix, vous faites de l’écologie ! »

Déploiement « à très grande échelle » ? Très bonne idée : L’humanité produit plus de 2 milliards de tonnes de déchets par an. Au rythme actuel, nous sommes donc encore à des années-lumière du « zéro déchet », une situation qui ferait sans conteste tant de bien à notre planète… et à notre santé.

Le développement durable, tout le monde en parle. Mais comment transformer un concept,  qui semble parfois flou, voire abstrait, pour une majorité d’individus – et qui ressemble à un récit de fiction alimenté par le greenwashing – en une réalité tangible ? Nicolas Cruaud nous apporte sa vision pleine de bon sens sur ce concept et le rôle clé des technologies : « Je pense qu’il y a différentes sortes de développement durable. On parle beaucoup des petits gestes du quotidien que chacun doit faire pour réduire son impact environnemental. Je pense que, bien que ce soit nécessaire, ce n’est pas le levier le plus important du développement durable.

À mon sens, le principal levier est technologique et industriel. Il faut chercher à faire de l’écologie à l’échelle industrielle, grâce à des modèles réplicables et économiquement viables. Je pense que c’est pourquoi il est primordial d’avoir des ingénieurs travaillant dans le développement durable. Il faut chercher de vraies solutions techniques capables de révolutionner des secteurs polluants pour réduire l’empreinte environnementales de filières entières. »

Pour l’équipe de GREEN NATION, Néolithe rime clairement avec « pépite »

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