État du climat en Europe : 2023 est l’année de tous les records. Publié le 22 avril, le rapport annuel de l’observatoire européen Copernicus établit un constat alarmant.

Pics de chaleur inédits, inondations dévastatrices, incendies, sécheresses, canicules marines et fonte des glaciers alpins font de 2023 une année contrastée, mais composent à l’arrivée un cocktail explosif qui multiplie les menaces climatiques, économiques et sanitaires pour la population européenne.

D’après le rapport, « L’année 2023 a atteint un nombre record de jours de stress thermique extrême, c’est-à-dire de journées où la température ressentie a dépassé l’équivalent de 46°C ». Les températures en Europe augmentent deux fois plus vite que la moyenne mondiale, et l’année 2023 a été marquée par des températures supérieures à la moyenne pendant 11 mois sur 12. Selon les scientifiques, ce réchauffement serait en partie lié à la proximité du continent européen avec l’Arctique, une zone qui, elle, se réchauffe quatre fois plus vite que le reste de la planète.

Autre hypothèse – paradoxale seulement en apparence – prise en compte : la baisse de la pollution de l’air serait responsable de la moitié de l’accélération actuelle du taux de réchauffement. L’air respiré en Europe est beaucoup moins pollué aujourd’hui qu’il y a 30 ans, mais… une partie des émissions polluantes (dioxyde de soufre, métaux lourds et particules fines en suspension) ont un effet refroidissant sur notre planète en réfléchissant le rayonnement solaire vers l’espace. Alors, air plus pur mais air plus chaud ? Les experts ont déjà commencé à se pencher sur ce sujet complexe pour permettre de concilier efficacement lutte contre la pollution et lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.  

Au-delà des dérèglements climatiques constatés, l’observatoire Copernicus insiste sur les lourds impacts économiques et sanitaires des phénomènes observés. Le rapport estime en effet à 13 milliards d’euros les pertes financières engendrées par ces événements climatiques extrêmes, 80 % de ce montant étant imputable aux dommages causés par les inondations « hors normes » survenues en 2023.

Au niveau humain, de la Norvège à la France, en passant par la Slovénie ou l’Italie, ce ne sont pas moins de 1,6 millions d’Européens qui ont été touchés par les inondations.  

À l’autre bout du spectre, « la mortalité liée à la chaleur a augmenté d’environ 30 % au cours des 20 dernières années… et les décès liés à la chaleur ont augmenté dans 94 % des régions européennes étudiées », souligne Copernicus.

Ce « coup de chaud » sans précédent en Europe, alors que dans le même temps le vieillissement de la population s’accélère et que la population urbaine ne cesse de s’accroître, aura de « graves conséquences pour la santé publique », alerte le rapport Copernicus.